Les enjeux de la transition énergétique dans les grandes copropriétés

Intervention de Francis Vaillant, secrétaire général de l’USGC (l’Union Syndical des Grandes Copropriétés) à l’occasion de la 1ère rencontre #ClubCopro du 4 juillet 2016 organisée par le salon de la copropriété, Orange et l’IMSI sur le thème : “Rénovation énergétique dans les copropriétés privées : comment passer au vert ?”

 

 

Nous sommes une copropriété qui date de 1958, une des plus vieilles copropriétés de l’Ile-de-France. Le problème qui se pose à nous c’est que tout est vieux… On n’isole pas des façades, on isole d’abord des fenêtres, avec 7000 châssis, ce qui représente – pour une copropriété qui fait 1500 logements – on a fait une étude d’un audit énergétique, on en a pour 36 millions d’euros. Intervention du public. « C’est à peu près la somme qui est investie par la Mairie de Paris c’est ça ? ». C’est ça ! (Rires) Imaginons que le tiers soit subventionné, nous serions sur une opération de 24 millions d’euros. 24 millions d’euros va représenter, je dirais quelque chose qui va faire 60 à 65 € de plus par copropriétaire et par mois pendant 20 ans, c’est le surcoût y compris 30% de subvention.

On a présenté suite à un concours organisé par le PUCA, un projet qui a été pris en charge par les 3 grands opérateurs, dont Bouygues, Eiffage et Vinci. Ce projet qui n’était qu’une idée, un concept, ce n’était pas du tout un projet pour nous, est passé sur la place publique, et donc toute la copropriété s’est émue de ce projet, cela a été un tollé général dans toutes les copropriétés, avec des menaces, des tracts… lorsqu’une copropriété se met dans un scénario absolument épouvantable où on refuse tout etc.

Nous sommes une copropriété où nous avons de grosses difficultés à monopoliser plus de 40% de présents et de représentés. Ce qui fait que quand il y a une opération de ce genre, ce sont les gens qui sont contre qui viennent et à ce moment là viennent nous pourrir cette situation. Et dans ce projet en plus, on s’est dit puisqu’on qu’on ne peut pas le financer et que ça va faire quelque chose de trop cher, on l’a associé à un projet de surélévation. Et là le premier problème qui s’est posé, c’est la mise en place de logements sociaux dans la copropriété.

Effectivement, le Maire – on est dans l’ouest parisien donc effectivement on est largement en dessous des 25% de logement sociaux, il est évident que pour lui c’est une manne extraordinaire ! C’est une opération où vous ferez 400 logements, il a 100 logements sociaux qu’il peut faire là, d’un claquement de doigts. Donc, la difficulté c’est qu’il n’y a pas d’obligation et c’est la première objection qui nous est sortie dans ce type d’opération, et c’est ce que vous venez de dire M. Pelletier, donc la première objection qui nous est sortie dans ce type d’opération, « nous n’avons pas l’obligation de… ». Or on sait très bien que les grosses copropriétés comme nous qui datent des années 58, si on ne fait pas quelque chose, ce sera la ruine de cette copropriété dans 10 ans ou dans 20 ans. Dans 10 ans ou dans 20 ans les grosses copropriétés comme nous ce sera « Les Minguettes ».

Pourquoi ? Parce-que lorsque le phénomène de spirale arrive – et pourtant on se porte bien, on a calculé que nous dans les grandes copropriétés on a à peu près 1% de mauvais payeurs, on est quand même des gens qui nous portons bien. Mais si on ne fait pas cette transition énergétique nos passoires énergétiques vont devenir des bâtiments qui vont perdre de la valeur, et donc ce n’est pas sur le retour sur investissement que l’on va se baser parce que l’on a à peu près 50 ans, c’est vraiment hors de prix. Pour vous donner un exemple, l’économie qu’on va faire sera de l’ordre de 400 000 € par an sur le chauffage, l’investissement va nous coûter 1 700 000 € par an. Et pour vous donner aussi une idée pour un ravalement, un square va nous coûter 400 000 € alors que si on fait de la rénovation énergétique il va coûter 4 millions d’euros. Vous voyez on est dans un rapport de 1 à 10.

Et enfin, pour vous dire qu’on a bien avancé sur le sujet, je pense que le premier argument c’est bien une notion de patrimoine. Parce qu’on leur dit, la seule chose qui ne va pas perdre de la valeur ce n’est pas votre voiture, ni votre téléphone portable, ni vos équipements informatiques, c’est votre bâtiment qui lui va se stabiliser, voire prendre de la valeur. Or il se fait qu’aujourd’hui le marché de l’immobilier n’est pas bon, il a perdu sur l’ouest parisien 10 à 15% de sa valeur ou en tout cas dans l’endroit où je suis, nous, dans Marly le Roi pour ne pas la citer. Et effectivement, pour que le programme de surélévation puisse se mettre en place, il faudrait le vendre aux alentours de 5000€/m², et on est bien loin des 5000€ le m², pour avoir quelque chose qui nous permette de payer le Grenelle.

 

Francis Vaillant – Secrétaire Général de l’USGC

www.usgc.fr

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